Le quidam qui se pique de politique, en 2024, peut-il encore faire sienne cette qualification malveillante de la Droite française ? Assertion qui perdure depuis que nous sommes en démocratie électoraliste. De même, l’éclatante victoire du RN aux Européennes du 9 juin dernier, a-t-elle mis fin à la dérive mortifère d’une division chronique propre à cette famille de pensée ? Qu’on en juge :
Premier temps : Le Rassemblement national fort de son hégémonie électorale, dès le 10 juin, refuse tout accord avec l’autre parti national Reconquête ! Motif invoqué : la personnalité d’Éric Zemmour, son président. Alors que celui-ci prône depuis toujours, l’Union des droites. Tactique suicidaire, assurément. Car mépriser 1 353 127 voix d’électeurs de Reconquête, c’est oublier qu’aucun parti, dans notre système, ne peut gouverner sans alliance.
Second temps : Éric Zemmour maintient par suite des candidats Reconquête dans la moitié des circonscriptions. Marion Maréchal, elle, soutient les listes RN-LR pour atténuer les effets néfastes d’une telle division. Coté LR, c’est le règne de la cacophonie, avec exclusion de son président.
Pendant ce temps, tout se passe dans le meilleur des mondes dans le camp marxiste. Chez eux, on ne refuse personne. C’est porte ouverte. Du bourgeois social-démocrate au nervi islamo-gauchiste. En quelques jours, se met en place un programme et un Front commun qui regroupe PS, PC, EELV, LFI, NPA, syndicats, LDH en dépit de leurs divergences respectives. Voilà le retour aux heures les plus sombres de notre histoire : le Front populaire de 1936. En pire ! Avec des grèves insurrectionnelles, le chaos social, la chasse aux non-marxistes, l’impunité totale pour les troupes de choc peuplées d’asociaux, de subversifs, d’invertis, de gauchistes et d’islamistes, etc.
Dans ce théâtre de marionnettes, le recentrage voulu par le RN qui s’allie à LR et rejette Reconquête, rappelle celui des droites gouvernementales d’autrefois. Lesquelles firent gagner les gauches réunies, en ostracisant le Front national. Toujours ce besoin de se démarquer de tout mouvement ou parti plus « droitier » que soi, pour ne pas effrayer l’électorat modéré qui vit sur la peur instinctive de l’autre. Toujours cette peur viscérale d’affronter frontalement la Gauche sur le terrain intellectuel, syndical et dans la rue. D’où ce repli sur soi sur les seuls thèmes autorisés par la bien-pensance de gauche.
En vérité, la plupart des échecs de la Droite française s’expliquent par le fossé historique entre ses deux composantes : les « Nationaux » qui, adeptes des compromis, sont toujours prêts à rendre les armes et les « Nationalistes » qui affirment hautement leur vision du monde antagonique, sans se préoccuper des cris d’orfraie de l’ennemi commun.
Pourtant, l’Histoire nous enseigne que toute Droite divisée conduit immanquablement à la victoire de la Gauche. Pour rappel :
Après la défaite de Sedan en 1870, la Chambre est majoritairement monarchiste (Légitimistes, Orléanistes et Bonapartistes). La Restauration, cependant, est ajournée du fait de leur désunion. Ainsi, pour avoir œuvré contre eux-mêmes et leur électorat, ils signent leur perte. Résultat : l’amendement Wallon de janvier 1875 institue légalement la Troisième République à UNE voix de majorité. L’année suivante, la Chambre est à majorité…républicaine. Bravo !
En février 1934, toute la Droite militante et les Anciens combattants se pressent Place de la Concorde pour dénoncer le régime des voleurs qui gouvernent la France. Cette révolte salvatrice aurait été victorieuse si toutes les formations patriotiques avaient été jetées dans la bataille. Les gros bataillons des Croix-de-Feu firent cependant défection sous la conduite du colonel de La Rocque. Son refus de chasser les corrompus de la Chambre, sabota une formidable opportunité. Exit l’instauration d’un régime national qui nous aurait épargné le Front populaire, la guerre de 1939 et l’occupation allemande.
En 1937, est créé le FRONT DE LA LIBERTE dont la vocation est de rassembler l’ensemble des partis de droite sur le thème fédérateur de l’anticommunisme : Fédération républicaine, Parti agraire et paysan français de Gustave Florant, Parti populaire français de Jacques Doriot, Parti républicain national et social de Pierre Taittinger, Parti social français du colonel de La Rocque, Alliance démocratique, l’association des amis des Francistes…Beaucoup de militants, beaucoup d’électeurs mais le refus du colonel de La Rocque de s’y associer entraina son échec.
Les raisons de ces défaites successives sont toujours les mêmes : égos et inimitiés des chefs, intérêts des appareils, ambitions électorales, esprit petit-bourgeois … Une malédiction plane-t-elle sur cette famille de pensée ?
En 1986, après cinq années de gouvernement socialo-marxiste, la Droite se tire une nouvelle fois, une balle dans le pied. Les hiérarques gaullistes et leurs alliés s’engagent à ne passer aucune alliance avec le Front national. Au grand profit des gauches qui jubilent et qui en profitent outrageusement.
Mais, aux prochaines législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, que dire ?
Bretons naturels, nous n’avons rien à attendre sur le plan institutionnel de la part de droitiers jacobins. Néanmoins, on ne peut rester dans notre tour d’ivoire, pour sacrifier à une quelconque pureté doctrinale. Avec le Front rouge revenu au pouvoir, le délire mondialiste surpasserait celui de la Macronie. S’abstenir aux législatives prochaines, c’est devenir les complices objectifs d’une tourbe malfaisante et nihiliste.
Dès lors, le seul vote possible est celui de l’UNION DES DROITES, pour limiter le pouvoir de nuisance des nouveaux robespierristes. Voter, quand bien même nous n’éprouverions aucune prédilection à l’égard de la démocratie électoraliste.
Un VOTE D’OPPOSITION à un Front (faussement) populaire, voilà tout ! Parce que nous voulons conserver une chance de voir demain une Bretagne souveraine qui s’épanouit au sein d’une Europe des peuples et des ethnies. Non une Bretagne défigurée qui n’aurait alors plus aucune raison d’être.
Jakez GUILLOUZOUIC (21 juin 2024)