AVE MARIS STELLA

Sous les coiffes de lin, toutes croisant leurs bras

Vêtus de laine rude ou de mince percale,

Les femmes à genoux sur le roc de la cale,

Regardent l’ Océan blanchir l’île de Batz.

Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas

Avec ceux de Paimpol, d’Audierne et de Cancale,

Vers le Nord sont partis pour la lointaine escale,

Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas !

Par dessus la rumeur de la mer et des côtes,

Le chant plaintif s’élève, invoquant à voix hautes

L’Etoile sainte : espoir des marins en péril ;

Et l’Angélus, courbant tous ces fronts noirs de hâle,

Des clochers de Roscoff à ceux de Sybiril,

S’envole, tinte et meurt dans le ciel rose et pâle.

AVE MARIS STELLA (José Maria de Hérédia 1842-1905

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