Réflexions de Neven Henaff (1908-1983) sur la langue bretonne

« La langue bretonne est éminemment concrète et humblement sérieuse, voire même pesante – langue de cultivateurs, de marins – de militaires et d’éducateurs – de mathématiciens logiques et de philosophes sereins – d’hommes – et il se vérifie que ce sont les hommes qui y tiennent encore après que les femmes sont passées au français.

Le français est la langue de la finesse et de la rouerie, de la légèreté spirituelle, de l’art de parler sans s’engager, des beaux discours, de la mode et même du théâtre si l’on y rajoute les gestes. Langue des déclarations – même des déclamations – de la guerre des mots, guerre des femmes et des diplomates – de la guerre des apparences, guerre des artistes – de la guerre des sentiments, guerre des journaux .

Elle convient parfaitement à ce qu’on appelle la politique, dans le vilain sens du mot, cet ensemble de phrases, d’attitudes, de photos jusqu’au ciné et à la radio, de l’épate généralisée gonflant l’enthousiasme et la crainte à grands coups de pompe démocratique. »

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