Pour ne pas disparaître, la Bretagne doit s’émanciper !

Yvon Ollivier, auteur et président de l’association culturelle Koun, évoque le vœu voté au mois d’avril 2022 en faveur de l’autonomie législative et fiscale de la Bretagne.

Avec le collectif Bretagne majeure, nous venons d’être reçus par le groupe de travail créé par la Région Bretagne et présidé par Michaël Quernez, pour donner forme au vœu voté au mois d’avril 2022 en faveur de l’autonomie législative et fiscale.

Ce fut l’occasion de rappeler combien ce vœu doit aboutir à un statut constitutionnel pour la Bretagne lui accordant pouvoir législatif et fiscal.

Comment sortir du carcan juridique centralisateur ? L’octroi de compétences matérielles sans le pouvoir législatif et réglementaire, et sans les moyens financiers, ne nous servirait à rien.

Même la création d’une collectivité à statut particulier par le législateur dans le cadre de l’article 72 de la Constitution n’opère aucune réelle avancée sur le plan du pouvoir normatif. La collectivité de Corse ne bénéficie d’aucune véritable autonomie normative. Les formes d’habilitation législative ou réglementaire sont inopérantes au sein du système centralisé français. C’est la raison pour laquelle les Corses réclament le statut constitutionnel qui leur donnera l’autonomie législative et fiscale.

C’est à ce niveau-là – celui du vœu voté par le Conseil régional le 8 avril 2022 – que la Bretagne doit se situer. En la matière, toute demi-mesure est vaine.

Comment la Bretagne peut-elle se contenter d’un budget vingt fois moins important que les régions d’Europe à taille identique ? Où partent les 67 milliards d’euros de prélèvements obligatoires que génère la Bretagne historique ? Les 8 millions d’euros qu’emploie la région au chevet de nos langues sont bien dérisoires.

La région Bretagne ne peut à la fois déplorer l’absence de moyens entravant son action et ne pas solliciter le statut constitutionnel qui mettra fin à cette spoliation budgétaire et institutionnelle.

« La Bretagne doit retrouver le sens de l’émancipation qui est aussi celui de la responsabilité. »

Il est urgent que la Bretagne devienne majeure. La France va mal. Les liens social et politique s’effondrent et les haines montent. L’accès au pouvoir du Rassemblement national n’est plus qu’une question de temps, ce qui signifiera la fin de l’immersion linguistique accordée à Diwan par une circulaire généreuse et la disparition des régions. Cela voudra dire la fin de notre modèle de société et de ce que les militants ont créé depuis des décennies.

Pour prévenir ce risque, la Bretagne doit s’émanciper et obtenir la reconnaissance constitutionnelle qui lui permettra de conforter son modèle social et de sauver ses langues.

Seule une reconnaissance constitutionnelle est à même aujourd’hui de consacrer l’immersion linguistique pratiquée par le réseau Diwan, et rejetée par la décision du Conseil constitutionnel du 21 mai 2021.

Que l’on ne nous dise pas que c’est impossible puisque la Corse est en passe de l’obtenir.

Cette réforme statutaire devra être le moment de réunifier enfin la Bretagne en consultant les habitants de la Bretagne historique.

La Bretagne doit retrouver le sens de l’émancipation qui est aussi celui de la responsabilité. La réforme de notre modèle économique et agricole, notre transition climatique et énergétique, notre maritimité, l’accès au logement n’attendent que les compétences et les moyens qui nous permettront d’agir utilement.

Nous n’ignorons pas les difficultés de l’entreprise liées à la force des réseaux de pouvoir mais surtout à celle de l’habitude. Cette volonté d’émancipation bretonne doit s’incarner dans un homme, le président de la région, Loig Chesnais-Girard. C’est dire sa responsabilité historique.

Source: [Tribune] Pour ne pas disparaître, la Bretagne doit s’émanciper ! – Débats – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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