Le logement, thème central des revendications

La jeunesse de Bretagne a grandi dans un environnement pauvre, en travaillant pour très peu d’argent et en devant s’exiler pour gagner leur vie. Elle a été directement affectée par les politiques négatives voire désastreuses des précédents gouvernements et a besoin de changement».

Nous allons faire ce qu’il faut pour le peuple breton. Nous, Citoyens de Bretagne, ne sommes pas là pour protéger les intérêts du marché, les fonds vautours et les promoteurs immobiliers, ni les touristes amateurs de résidences secondaires comme l’ont fait jusqu’ici le gouvernement et les municipalités. Si cela impacte leurs bénéfices, franchement, qu’ils aillent se faire voir!

La résidence secondaire est un sujet particulièrement sensible pour les Bretons, qui entretiennent avec elle une relation passionnelle.

Qui étaient les touristes en Bretagne il y a 150 ans ? Les touristes ont, dès le XIXe siècle, découvert les côtes de Bretagne. Ils y ont loué des maisons ou des villas, fraîchement construites. Des hôtels sont apparus. Les bains de mer sont devenus à la mode. Les guides de voyage de l’époque sont le reflet de cette effervescence jusqu’à 1914. Ces touristes sont ceux qui ont le temps et de l’argent, donc, généralement, les aristocrates ou les grands bourgeois. Parce qu’ils ont cette capacité économique et intellectuelle de se projeter dans un voyage, dans le fait de parcourir le monde, même s’il n’est pas forcément lointain. Il y a une multiplication des motivations : le fait de recouvrer la santé – on ne connaît pas le microbe et la solution est de changer d’air ; le fait de se distinguer, de dire « j’ai pu voir la mer ou la montagne », et puis l’habitude car lorsqu’on commence à faire des voyages on est de plus en plus enclin à partir régulièrement. Ça va multiplier progressivement le nombre de touristes.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, il y a un élargissement et une massification du tourisme. Avec toujours ces personnes qui viennent parfois de loin, d’Angleterre, de Paris ou d’Allemagne, mais aussi des personnes avec un train de vie beaucoup plus modeste.

Et tout ce joli monde a pensé qu’il valait mieux acheter ou construire une résidence secondaire plutôt que de payer l’hôtel ou une location.

Et il s’est avéré que l’espèce invasive « Homo touristicus » se satisfaisait très bien de ces terres bretonnes, et poussait même deux à trois fois plus vite que dans d’autres régions du monde !

Une aubaine pour les agriculteurs bretons et propriétaires de ces terrains, qui avaient du mal à vivre de leur activité. Dans les années 70-80, la vente de terrains devenait l’activité principale de nos paysans sans que le gouvernement ou la commune ne s’émeuve de la transformation des champs en terrain à bâtir. À cette époque, l’appel du touriste et surtout l’appel de la manne financière qu’il représentait, a transformé la côte bretonne en parc d’attraction.  

«Nous avons besoin d’argent, et nos communes ont besoin de touristes pour se développer», conclut l’instituteur Cynique.

On a très vite compris que le touriste n’était pas le voyageur. Pour des raisons simples, le voyageur voyage pour son travail ou pour son pays, le touriste, lui, voyage pour son plaisir et le plaisir, c’est la négation même du travail, de l’effort et notre société ne peut pas l’accepter.

D’où la connotation négative depuis toujours : le touriste, c’est l’éternel intrus, celui qui n’a pas de raison d’être là, à qui on n’a pas demandé de venir. Et cette connotation persiste.

Avant, il perturbait les sociétés culturelles, la vie indigène… Et aujourd’hui, le touriste, c’est celui qui pollue. Il a toujours l’air de déranger, tout simplement parce que c’est incompréhensible, de voyager pour voyager.

Dans ces conditions, on a du mal à entrevoir l’horizon du bonheur. On est loin de Léo Lagrange qui parlait de « l’an 1 du bonheur » en évoquant les congés payés et le tourisme pour tous.

Plus que jamais, la crise du logement qui frappe le pays semble catalyser la colère du peuple breton. «Nous avons une génération de jeunes qui n’ont jamais pu prendre leur indépendance, qui vivent chez leurs parents ou qui sont obligés de s’exiler pour trouver un toit.

Nous Citoyens de Bretagne préconise de construire 100 000 logements en Bretagne en cinq ans.

Claude Guillemain Charlez

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